[linux-neuchatel] A propos de l'informatique a l'ecole

Guyot linux at cvgg.org
Sat Apr 23 03:26:01 CEST 2005


Le Samedi, 23 Avril 2005 00.09, Didier Frick a écrit :
> Le vendredi 22 avril 2005 à 21:27 +0200, Claude Paroz a écrit :
> > ....
> >
> > J'imagine qu'on pourrait faire le même constat avec d'autres éléments,
> > par exemple : "Les élèves qui ont un animal à la maison ont de moins
> > bons résultats, parce qu'ils passent plus de temps avec l'animal qu'à
> > faire les devoirs" (exemple complètement bidon, à ne pas prendre au
> > sérieux !!). Si c'était vrai, l'animal n'y pourrait rien, c'est d'abord
> > un problème éducatif.
>
> Sauf que personne n'a jamais essayé de vendre un animal à des parents
> (ou a l'état) soi-disant pour "améliorer" les performances scolaires de
> leur(s) rejeton(s) ou élève(s)... quoique ?
>
> A part ça on est assez d'accord.

Quand on sait les sommes faramineuses dépensées pour équiper les écoles et 
cela très souvent sans concertation avec les enseignants, on doit se poser la 
question de l'utilité, pour ne pas dire du bénéfice, de l'informatique à 
l'école. Mais qui se l'est posée avant de mettre des ordis dans les classes. 
Et encore aujourd'hui, qui peut démontrer les réels bénéfices d'un ordinateur 
dans une classe ? En tant qu'outil, il doit être choisi pour son caractère 
pédagogique par l'enseignant lui-même pour qu'il ait une chance d'être 
efficace et il doit répondre à un besoin. Or, les autorités politiques mènent 
au pas de charge une informatisation qui ne correspond pour beaucoup à aucun 
besoin. En ce sens je suis d'accord avec le texte qui dit :

"an alliance of convenience between technology vendors, who want to stuff more 
unwanted computers into classrooms, lazy governments, for whom IT is a way of 
appearing "modern" while cutting education budgets"

Rappelons que dans ce canton on a récemment encore voté de jolis crédits pour 
l'informatique alors que dans le même temps on nous demandait de réduire nos 
budjets de matériel (et cela alors même que les difficultés financières du 
canton sont ce qu'elles sont) par exemple.

Une petite expérience par ailleurs : depuis l'été passé je ne fais plus du 
tout d'informatique à l'école. Dans un domaine, la physique, où il peut 
sembler que l'informatique soit importante, comme je l'ai longtemps pensé, 
cela a été pour moi une décision difficile à prendre et qui fut quelque peu 
dictée par les évènements. Quoi qu'il en soit, je dois avouer que je m'en 
porte en réalité beaucoup mieux et les élèves aussi qui ont plus de temps à 
consacrer à la physique. Quant à moi, je prends moins de temps pour préparer, 
pour réparer, je n'ai plus de réclamation pour les fichiers perdus, plus de 
connaissances à acquérir pour ce qui n'est pas mon métier ... je redécouvre 
ce que beaucoup de collègues n'ont jamais cessé de comprendre : moins on en 
fait, mieux on se porte. Et tant pis pour la nouvelle maturité qui voyait 
l'informatique au coeur des disciplines, sans bourse délier.
Bien entendu, ce n'est pas cela qui va faire progresser l'informatique, 
réduire la fracture numérique, ni même la facture numérique puisque de toute 
façon les ordi. on nous les a mis. Mais qu'importe, je comprends beaucoup 
mieux maintenant les collègues sceptiques parce que la comparaison des 
résultats des élèves avec ou sans info, n'est pas à l'avantage de l'info. Or, 
c'est précisément ce que dit le texte, et aujourd'hui cela ne m'étonne pas 
(même si les tests pisa sont tout relatifs).

Tout cela montre que ce n'est pas la formation des enseignants qui est en 
cause, mais bien l'utilité de l'informatique à l'école. Former des 
enseignants, qui plus est parfois de manière obligatoire, à l'informatique ne 
créera jamais le besoin. Au contraire, cela les en éloignera. Comme, par 
exemple, implanter des ordis dans des classes ou le manque de place pose des 
problèmes pour dessiner, comme proposer des logiciels et de la formation sur 
ces logiciels inutiles parce que cela se fait dans l'administration, etc. Je 
pense qu'un ordi (ou un système d'exploitation) imposé à la place d'un autre 
besoin bien plus réel peut être pire que pas d'ordi du tout. 
L'informatisation est coûteuse et pas mal d'enseignants commencent à se 
rendre compte qu'elle leur coûte plus qu'elle ne leur rapporte en temps mais 
aussi en crédit pour d'autres investissements sans pour autant qu'elle ne 
soit d'une grande efficacité pédagogique.

A+
-- 
Vincent Guyot
Enseignant (physique)
Lycée Blaise Cendrars
linux at cvgg.org




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