[linux-neuchatel] Des cours, des longs et des longs cours

Marc SCHAEFER schaefer at alphanet.ch
Wed Jul 4 14:55:28 CEST 2007


On Wed, Jul 04, 2007 at 09:59:34AM +0200, theute at jboss.org wrote:
> > Dans mon optique, les logiciels libres.
> 
> C'est vague et ce n'est pas un argument...

C'est pourtant fondamental ?!

[ je ne réponds pas sur tout, j'estime que dire "argument religieux"
  est un peu un étouffoir à raisonnement, pis ma réponse est
  déjà assez longue ... et d'autres personnes ont répondu.
]

> >    - recycler du vieux matériel ou assurer une utilisation plus
> >      raisonnable des ressources (développement durable, etc)
> 
> Le risque et l'image dont Linux sort peniblement, c'est celle du vieux 
> materiel. Linux ne doit etre vu comme un outil de recyclage pour machine 
> lente ou desuettes.

Le développement durable est pourtant très inséré dans la société
aujourd'hui. Ce n'est peut-être qu'une mode, mais si c'est plus qu'une
mode, cela pourrait être intéressant que les logiciels libres soient vus
de façon positive dans ce contexte. J'arrête là car Eric a très
bien expliqué cela.

En commentaire, j'ajoute que de nombreux projets en logiciels libres de
valeur dans les administrations publiques en Suisse *ont* commencé sur
des projets sans budget. Ce n'est qu'ensuite, parce que les projets ont
marché, que certaines administrations ont décidé d'utiliser les outils
de manière cohérente, supportée et dans une optique à long terme.

C'est d'ailleurs, dans mon expérience, dans ces cas-là (migration
provenant de l'interne, de la base) que la migration semble la plus
durable (je n'ai cependant pas le recul en années ni le nombre de
client suffisant pour pouvoir en tirer une règle absolue ou générale,
car je ne travaille que depuis 6 ans uniquement dans le logiciel libre).

Les projets imposés par le management (j'en connais certains), suite à
des contacts avec des entreprises à haut niveau, ont souvent eu de la
peine à s'imposer dans les faits.

(se rappeler également l'histoire d'UNIX peut aider ici, à titre
 ludique: UNIX *est* né sur une machine "sans" budget, pour un
 projet prétexte (préparation documentaire). Le kernel Linux *est*
 né de la volonté de Linus de faire un programme de terminal pour
 son modem sous MS-DOS. Des buts modestes peuvent aboutir à des
 résultats impressionnants et durables)

> Ce que les utilisateurs voudront au final, c'est regarder des videos sur 
> YouTube, pouvoir lire les fichiers Powerpoint rigolo envoyes par leurs 
> collegues, chatter sur MSN en faisant coucou sur la webcam...

Problèmes ici:

   - youtube a besoin de Flash, qui est un composant propriétaire
     (il y a certes une implémentation libre, mais je n'ai pas vérifié
      qu'elle est suffisante dans ce cas précis, l'as-tu fait?).

   - la compatibilité avec le format Powerpoint n'est pas garantie
     à l'avenir: elle dépend du best effort d'OpenOffice (merci Sun),
     ainsi que de la volonté de Microsoft de modifier ses formats
     (en ayant reçu de tels fichiers "rigolos", je me désole toujours
      de voir comment on peut perdre son temps, gaspiller de la bande
      passante, pour un truc faisable avec des outils bien plus simples,
      voire y renoncer et se promener dans la nature à la place)
     (voir aussi plus bas pour ODF ISO)

   - le chat MSN avec webcam fonctionne notamment avec l'outil libre aMSN
     (on ne peut exclure cependant une "chasse aux modifications"
      de protocole le jour où aMSN deviendrait très utilisé).

Le scénario ultra-simple décrit ici *semble* impossible, aujourd'hui,
à réaliser en logiciels libres, et sa continuité (durabilité? on retombe
sur ce concept) n'est pas non plus garantie.

Alors que faire ?

On peut imposer des standards ouverts: le travail est à faire ici au
niveau politique, associatif, et des organisations de standard
internationaux. Ici, ODF est un plus (le format XML ouvert d'OpenOffice,
certifié). Et bien sûr le format Microsoft Office XML est un moins,
car notamment il contient de nombreux éléments propriétaires:

   https://forums.scc.ca/forums/scc/dispatch.cgi/public/docProfile/100009/d20070528121355/No/t100009.htm

Il est aussi possible d'éduquer une partie non négligeable des consommateurs
à changer de comportement (ce n'est pas illusoire! ça marche ailleurs,
p.ex. commerce équitable: je crois me souvenir qu'en Suisse 70%
des bananes vendues proviennent du commerce équitable; écologie:
de plus en plus de propriétaires construisent au standard Minergie; etc).

Une partie du changement de comportement est de privilégier les
logiciels libres sur environnement propriétaire: cela rendrait plus
difficile la définition de pseudo-standards captifs ou les "chasses aux
modifications de protocole".

Vouloir simplement émuler Microsoft et les logiciels propriétaires me semble
une stratégie sans but, au mieux.

> Un des avantage majeur qui a deja ete cite c'est bien sur le systeme de 
> packaging et le fait d'avoir un systeme centralise (difference entre 

Il y a diverses qualités de systèmes de packaging, applications et gestion
système automatisée suivant la distribution et la façon dont le
système est géré, ainsi que dans le nombre et le choix de packages
disponibles, l'auto-configuration, la durabilité de la maintenance,
la facilité de mise à jour y compris dans l'adaptation automatique
des configurations, etc.

[ on sort un peu de l'approche end-user, mais pas tellement ]

Toutes les distributions n'offrent pas, à mon sens, une qualité
suffisante.

La plupart de ces avantages sont réduits à néant en cas
d'erreur de l'utilisateur (du style rpm --force d'un package trouvé
n'importe où sur Internet).  La formation est ici *indispensable*.
Pour changer les habitudes également (éducation!).

Aussi, comment garantir au client final la maintenance d'un système
GNU/Linux, dont la base de données est propriétaire ?

Autre problème: comment garantir qu'une distribution qui n'est pas
portée par la communauté, mais appartient à une entreprise unique, va
agir dans l'intérêt du client final ? (à mon sens, le risque se pose
très fortement pour Novell, fortement pour Red Hat, moyennement pour
Canonical -- encore que je n'aime pas du tout, dans Ubuntu, le fait que
certaines parties des outils internes de la distribution sont
propriétaires; comme à ma connaissance le jeu de test/validation
de Red Hat, pour donner un exemple concret).

> 'Windowsien' je suis ni l'un ni l'autre, je suis pragmatique. J'utilise 
> Linux depuis des annees (Red Hat puis Debian puis Fedora (apres un bref 
> passage a Ubuntu)) car je suis developpeur (donc ce choix est facile a 
> justifier).

Je suis développeur, conseiller et formateur, et j'ai fait le
chemin Slackware, SuSE, Red Hat, puis j'ai découvert la qualité,
l'indépendance et la stabilité du monde Debian, que Ubuntu (basé sur
la technologie Debian) a valorisé d'une manière très impressionnante
ces dernières années -- tout en livrant malheureusement trop de logiciel
propriétaires et en construisant un modèle économique à surveiller.

J'utilise de préférence Debian stable (actuellement etch), mais pour le
moment je recommande pour les "end-user"s Ubuntu LTS 6.06.

(par contre il est vrai que je n'ai jamais réellement utilisé
 d'environnement Microsoft de ma vie, étant passé directement de
 systèmes UNIX propriétaires et de systèmes embarqués à OS
 spécifiques à des systèmes libres, après une brève
 incursion inutile dans le monde OS/2, ce qui explique pourquoi j'ai
 de la peine à présenter les systèmes standards et libres à un public
 connaissant Microsoft ou Mac OS X -- apparemment nous avons d'autres
 bénévoles pour cela, tant mieux, chacun son métier).

J'ajoute aussi pour l'argument de "choix" de la distribution qu'à mon
avis un des choix les plus importants -- et qui n'est pas possible --
serait de passer à un kernel non Linux. L'idéal pour moi notamment
dans certains projets clients serait un système Debian GNU/NetBSD (*).

Le kernel Linux évolue beaucoup trop vite pour que des impératifs de
qualité et de stabilité nécessaires dans ma profession soient réalisables.
Il y a aussi à mon avis trop de fonds pour les développements kernel,
ce qui motive à des changements incessants plutôt qu'une saine
maintenance.

(*) il existe, en beta: http://www.debian.org/ports/netbsd/

> PS: Je travaille pour la division JBoss de Red Hat (Donc pas dans la 
> branche Linux).

Je suis consultant indépendant, dont un des principes est d'éviter tout
contrat d'exclusivité avec des fournisseurs particuliers et d'assurer à
mes clients une qualité suffisante et un coût de maintenance et de
migration acceptables, sur le long terme.

Une question: est-il possible aujourd'hui de développer en Java
uniquement à base de logiciels libres ?   Je n'ai pas trop suivi
la contreverse: à mon sens, le "standard" Java est toujours contrôlé
par Sun de manière autocratique (même si des implémentations open source
ou libres existent, bien sûr), et certaines parties du langage seraient
toujours fermées (à défaut de pouvoir dire "propriétaire" car je ne l'ai
pas vérifié).

Evidemment, le marché des développeurs Java n'est pas une "application
typique utilisée par la majorité des utilisateurs", mais cela me
semble malgré tout une question pertinente.

De nouveau, cette question n'a un sens que si l'on veut promouvoir
les logiciels libres. Si l'on veut juste promouvoir Linux, la tâche
est plus aisée!  Quel est ton but ?

PS: désolé Laurent, on s'égare :->





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